Recension de l’ouvrage de Mila Mihaïlovic – «LA YOUGOSLAVIE AVRIL 1941-SEPTEMBRE 1943», mettant au jour des documents italiens inédits sur les crimes commis contre les Serbes durant la Seconde Guerre mondiale.
Par Miloslav SAMARDJIC
Traduction du serbe par Geoffroy LORIN de LAGRANDMAISON et adaptation de l’article publié dans «Liberty», revue de la «Serbian National Defense Council of America» de Chicago (USA) dans le numéro du 10 janvier 2013.
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L'auteur de ce livre extrêmement important vit et travaille à Rome, et elle s'est consacrée à la recherche dans les archives italiennes. Les documents italiens ont jusqu’à présent été utilisés dans notre historiographie [serbe – NdT] en de rares occasions et insuffisamment, aussi de nombreux faits essentiels demeurent méconnus. Il en va de même pour les photographies. Dans le livre de Mila Mihaïlovic, outre une série d'images inédites des crimes oustachis, nous voyons pour la première fois des photographies originales d'atrocités commises par les Partisans communistes, tant sur des prisonniers de guerre que sur des civils, Serbes et Slovènes. Plus précisément, dans ce livre, pour la première fois, sont publiées des photos de personnes massacrées par des Partisans, y compris des familles entières – et c'est la raison pour laquelle on ne doit pas le passer sous silence, même si d’ors et déjà pareils desseins sont notables de la part de l'historiographie officielle.
Mila Mihaïlovic divise son livre en deux parties, une partie consacrée aux crimes oustachis et d’autre part à ceux commis par les Partisans communistes. Les deux parties sont accompagnées de photographies et de traductions de documents originaux des archives italiennes, lesquels succèdent à l’analyse faite par l’auteur.
Mila Mihaïlovic rappelle tout d'abord que la côte orientale de l'Adriatique se trouvait dans l'Autriche-Hongrie jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale. Ce fait a été crucial pour l'entrée en guerre de l'Italie le 26 avril 1915, puisque deux jours plus tôt elle avait signé le Traité de Londres avec la France, l'Angleterre et la Russie. Le traité prévoyait que l'Italie obtiendrait l'Istrie et la Dalmatie centrale avec Knine, Zadar, Chibenik et les îles avoisinantes, qui faisaient partie de la République de Venise pendant quatre siècles, et ce jusqu'aux conquêtes de Napoléon en 1796. Après l'effondrement de l'Empire napoléonien, ces contrées ont fait partie de l'Autriche, puis de l'Autriche-Hongrie.
Cependant, à la fin de la guerre, la Russie avait cessé d’exister et les États-Unis insistaient pour créer le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, ce contre quoi la France et la Grande-Bretagne s’opposèrent sans succès. Ainsi, le Traité de Londres n’avait pas été respecté (par conséquent non plus sa clause rattachant les côtes adriatiques de l’Herzégovine et du Monténégro au Royaume de Serbie).
En somme, contrairement à notre historiographie, les Italiens désignent les États-Unis comme le facteur clé pour la création du Royaume indésirable des Serbes, Croates et Slovènes, c’est-à-dire de la Yougoslavie.
Les négociations à propos de la délimitation des frontières entre l'Italie et le Royaume nouvellement créé des Serbes, Croates et Slovènes furent conclues dans la petite ville de Rapallo près de Gênes (le "Traité de Rapallo"). L'Italie était insatisfaite, car elle n’avait obtenu que Zadar et l'Istrie.
Bien qu'Ante Pavelic soit entré dans le pays [Royaume de Yougoslavie – NdT] aux côtés de leurs troupes dans la guerre d’avril 1941, les Italiens accueillirent la proclamation de "l'État indépendant de Croatie" avec "stupeur". Dès le 12 avril, le général Giglioli demanda l'autorisation d'expulser de force les Oustachis de Chibenik, que les Italiens considéraient comme leur. S’en suivit une vaine tentative de résolution du différent par les Accords de Rome du 18 mai 1941 entre Mussolini et Pavelic. Mais les Italiens étaient toujours aussi insatisfaits, car on ne leur laissait qu'une étroite bande de terre le long de la mer, parfois profonde seulement de quelques centaines de mètres. C'est pourquoi le Parlement italien n'a jamais ratifié les Accords de Rome et l'armée ne s'est pas retirée de Knine et des autres lieux où elle stationnait, mais au contraire elle est restée sous prétexte but de "soutenir à la complète instauration du nouveau pouvoir croate".
Les Croates aussi étaient mécontents, car ils n'avaient pas obtenu la côte adriatique, tout comme les Serbes, car la large zone de terre ferme de la Dalmatie et de la Lika demeurait au sein de l’Etat indépendant de Croatie. Ainsi, à partir du 19 mai commence un exode massif des Serbes et des Juifs en direction de la mer.
Le génocide des Serbes et des Juifs avait débuté immédiatement après la proclamation de l’État indépendant de Croatie [le 10 avril 1941 – NdT]. C'est pourquoi, pendant la période durant laquelle on attendait l’établissement d’une démarcation entre l'Italie et l’Etat indépendant de Croatie, les Serbes de l'arrière-pays cherchèrent le rattachement à l'Italie. Le rôle le plus saillant à cet égard fut celui du Dr Niko Novakovic, ancien député et ministre sans portefeuille dans le gouvernement [du Royaume de Yougoslavie – NdT] du Dr Milan Stoyadinovic, et le frère du futur Voïvode tchetnik Vladimir Novakovic. Niko était alors le maire de Knine et les Italiens l’ont maintenu dans sa fonction. Dit plus précisément, cela avait été établi par le nouveau gouverneur italien du district, le Dr Hoebert, qui avait été le camarade de classe de Niko dans leurs jeunes années au lycée de Zadar.
À cette époque, 20 000 Serbes et 3 000 Croates vivaient à Knine, et les Serbes étaient aussi majoritaires à Gratchatz et à Gospic. À l'initiative de Novakovic, une pétition était lancée et jusqu’au 7 mai elle avait recueilli plus de 100 000 signatures de Serbes de Dalmatie et de la Lika méridionale demandant leur rattachement à l'Italie. En transmettant la pétition à Mussolini, le sénateur Alessandro Dudan rappela que "ces Serbes quand ils étaient sous l’autorité de l'Autriche étaient les alliés des Italiens contre les Croates austrophiles". La pétition arriva trop tard à Rome, mais les Serbes ne renoncèrent pas à leurs revendications.
Quelques jours plus tard, des délégations des Serbes de Bosansko Grahovo, Dervar, Sanski Most, Bosanski Petrovac, Bihac, Bosanska Krupa, Klioutch et Dogni Lapatz arrivèrent au commandement de la division de l’armée italienne "Sassari", implorant que ces régions soient également rattachées à l'Italie. Selon un document italien datant de mai 1941, "des représentants de 60 pour cent de la population de la Bosnie et de l’Herzégovine ont se sont dits prêts à se rendre à Split pour demander leur annexion par l'Italie". Et dès le 13 mai 1941, le commandement de la division italienne "Sassari" rapporte depuis Knine que l'élément croate se comporte de manière "hostile envers tout ce qui est italien", tandis que "les Serbes se montrent comme étant nos amis". La division rend par la suite compte jour après jour des crimes des oustachis: "L'exode de la population serbe a commencé à cause des représailles oustachi"; "Les autorités civiles croates ont commencé à procéder à l’arrestation des Serbes"; "À Knine, les Oustachis franchissent toutes les bornes de la mesure"; "Les Oustachi ont fait descendre du train huit paysans serbes en gare de Zermagna, d’où après les avoir ligoté ils les ont emmenés à la gare de Gratchatz, puis de là jusqu’au mont Velebitt, où ils les ont jetés vivants dans une fosse profonde appelée Toutchic"...
Pour la période suivante dominent les rapports faisant état de crimes inouïs contre les Serbes et les Juifs en Dalmatie, dans la Lika, en Herzégovine et en Bosnie. Le commandant de la 2e armée italienne, le général Ambrosio, rapporte ainsi le 3 août que les atrocités comme celles commises par les Oustachi "n’ont été recensées que pendant la période sombre du Moyen-âge", signalant que rien qu'à Glina 650 civils serbes ont été tués. Les familles des personnes arrêtées se rendaient chaque jour dans les commandements italiens de tout le secteur, implorant aide et protection. Le commandant de la division "Sassari", le général Monticelli, rapportait le 22 juin: "Les arrestations de Serbes se poursuivent massivement et se multiplient. Après un bref interrogatoire, les personnes arrêtées se font massacrer en masse. Les Oustachis n’ont pas la moindre pitié même envers les personnes âgées, les femmes et les enfants".
À Imotski, les Oustachis ont arrêté 2 000 Serbes, pillé leurs maisons tandis que leur bétail est distribué aux Croates locaux. Les Serbes sont jetés dans des fosses dans la région de Rounovici, d'où les Italiens en sortent plus tard deux survivants. Les Italiens étaient particulièrement surpris par le grand nombre de prêtres catholiques croates parmi les criminels. Dans un rapport, ils écrivent que les Oustachis et les prêtres sont "nos ennemis jurés". L'un des dirigeants oustachis, Yoza Roukavina, a montré aux Italiens une lettre en provenance de Zagreb, dans laquelle il était écrit que la première et plus importante des devoirs des Oustachis était "d'éradiquer les éléments serbes".
Dans le mémorandum du nouveau gouvernement italien, produit en septembre 1945, les événements du début de la guerre sont résumés comme suit: "Il n'existe pas de mots permettant de décrire les tueries et massacres barbares des habitants et la destruction de toute la population de villages et de zones entières, ce qui a conduit en très peu de temps à la disparition de plus de 350 000 Serbes orthodoxes et de quelques milliers de Juifs".
Le commandant de la division "Sassari" écrivait le 16 juin 1941: "Tout sentiment de sympathie pour le peuple croate s'est éteint au moment où nous avons été contraints d'assister à de tels actes."
À la fin du rapport, le commandant met en garde contre la possibilité que son unité se rebelle contre les Oustachis, déclarant : "Être contraint d'être un simple spectateur crée le sentiment que vous êtes vous-même également complice de ces violences et de cette brutalité, que l'Histoire, à coup sûr, condamnera lourdement."
En faisant suivre ce rapport, le général Dalmazzo, commandant du 6e corps d'armée, a ajouté: "Des commandants de bataillon aguerris et avec de l’ancienneté, des guerriers aux capacités éprouvées et au caractère bien trempé, demandent d’être mutés ensemble avec leurs unités sur n’importe quel autre zone de guerre, aux exercices et missions les plus difficiles, dans les pires endroits, seulement pour ne plus être obligés d'assister impuissants, comme maintenant, au banditisme de toutes les sortes".
Les Italiens ont néanmoins boycotté les directives venant de Rome de "ne pas s’ingérer dans les affaires internes de la Croatie". En premier lieu, leurs soldats ont commencé à cacher quelques civils serbes dans les casernes. Voyant que les officiers ne le sanctionnaient pas, les dissimulations devinrent massives, si bien qu'à un moment donné, les casernes étaient devenus des centres pour réfugiés. De même, lorsqu'ils n'étaient pas en service, les Italiens quadrillaient le terrain à la recherche de réfugiés, qu'ils nourrissaient sur leurs propres rations de nourriture et soignaient dans leurs propres hôpitaux. S’en suivirent les protestations des Croates, et même des menaces que ces derniers allaient "réagir par les armes contre les Italiens à chacune de leur éventuelle intervention en faveur des Serbes". Le frère franciscain Viékoslav Chimic, désigné comme meneur des Oustachis à Knine, se distinguait particulièrement en matière de menaces. Ce dernier a été bastonné une nuit par un "groupe inconnu" de soldats italiens.
Un pas décisif dans la protection des Serbes a été franchi par le général Dalmazzo le 24 juin 1941,quand il donna l’ordre à ses unités de pénétrer profondément sur le territoire de ‘’l’État indépendant de Croatie’’ – à environ 50 kilomètres depuis la mer – pour former une "ligne de contrôle provisoire". Cependant, le nombre des crimes ne se réduit pas, et ils sont même commis sous les yeux des Italiens, par exemple dans le camp de Slana sur l'île de Pag. Durant une longue période, les Italiens ne faisaient que compter le nombre de détenus emmenés sur l'île, et comparaient ces chiffres avec la quantité de nourriture qui y était apportée (qui n’était seulement suffisante que pour la garnison oustachie). Lorsqu'ils finirent par occuper l’île de Pag à la fin du mois d’août, ils découvrirent un charnier mesurant 150 x 20 mètres, estimant qu'il contenait environ 1 500 corps.
Lors des quelques derniers jours durant lesquels ils détenaient l’île de Pag, les Oustachis ont tué environ 3 000 détenus en les jetant à la mer.
La plupart des rapports italiens disent que les meurtres étaient cruels. Dans le rapport de la 2e Armée en date du 26 septembre 1941, il est également noté ceci: "Knin. Le 2 août a été retrouvé le cadavre d'un Serbe du village de Streumitsa, dont le nez et le menton avaient été coupés et placés dans sa bouche. Le 3 août, les Oustachi ont tué le diacre de l'église dans ce même village, en lui ouvrant la poitrine avec des haches, lui ôtant tous les organes et en lui coupant les mains. Cinq autres Serbes, parmi lesquels un enfant et un vieillard de 70 ans ont été tués par les Oustachis après qu’ils les aient torturés, leur arrachant les yeux et versant du sel dans les orbites."
Déjà fin mai 1941, les Italiens rapportaient : "La nouvelle se confirme que les Serbes s'organisent pour un soulèvement dans toute la zone." Les premières actions insurrectionnelles furent enregistrées le 31 mai à Trèbigné, lorsque plusieurs postes oustachis ont été attaqués. Jusqu’à fin mai 1941, "le soulèvement des Serbes s’embrase dans toute la Dalmatie et tout le long des confins de l'Herzégovine", écrit Mila Mihaïlovic. Les Oustachis ont été attaqués à Nevesinié, à Rankovtsi près de Lioubinié, à Gatsko, à Livno et à Bosanska Kroupa, où les Croates ont demandé l'aide des Italiens, mais ne l'obtiennent pas. À la fin juin, le soulèvement en Herzégovine devient général.
Selon un rapport provenant de Dalmatie et daté du 24 juin, "de nombreux Serbes, ayant échappé aux arrestations et aux persécutions, errent dans les montagnes et s'arment". En Dalmatie, dans la Lika et au sud-ouest de la Bosnie, une série d'actions isolées contre les Oustachis ont été enregistrées, mais comme date du début d'un soulèvement organisé, les documents italiens établissent le 26 juillet 1941 (d’après les sources tchetniks, ce jour-là, une embuscade a été érigée près d'Ochtrel pour l’officier croate qui devait donner son accord pour le massacre des personnes raflées à Dervar). Les Italiens affirment ensuite que le 27 juillet, 2 000 insurgés ont pris le contrôle du terrain entre Dervar, Gratchatz et Knine, faisant le siège de Gratchatz. La deuxième colonne s'est dirigée vers Knine et la troisième vers Veurlika. Les soldats de la milice territoriale croate - les "Domobrani" - sont allés affronter la deuxième colonne, mais ils ont été vaincus près de Troubar et Tichkovatz.
Au matin du 28 juillet, les Italiens aident néanmoins les Croates et reprennent une partie du territoire, grâce au fait que les insurgés évitaient de les combattre. "Il semble que les Tchetniks veulent éviter toute activité qui nous amènerait, nous les Italiens, à intervenir", indique le rapport du 6e corps d'armée en date du 31 juillet.
Un officier italien a apporté à son commandement une lettre que lui avait remise le commandant des insurgés près de Knine :
"La population de la Lika prie l'armée italienne d'occuper immédiatement toute la zone, car nous ne pouvons plus vivre à cause de la violence croate. Nous vous attendons en amis.
La population et les Tchetniks".
Entre-temps, le 29 juillet, les Tchetniks progressent à nouveau le long des confins de la Dalmatie. Ils attaquent Padiéné et Otiéstovo et battent les Croates dans la vallée de la Boutijnitsa près de Knine. Dans la soirée de ce jour-là, les autorités militaires et civiles croates s’enfuient de Knine, massacrant treize autres Serbes dans la prison.
Les Serbes restant sont libérés par les Italiens qui à cette occasion désarment dans la foulée soixante Oustachis qui s'étaient déguisés en civils. Les forces croates reviennent à Knine le 31 juillet, mais les Italiens ne leur confèrent que l'autorité civile. Les jours suivants, les insurgés attaquent Knine et les Italiens tentent de s'interposer entre eux et les Croates. Sous la pression de Rome, le gouvernement civil de Knin est remis aux Croates le 9 août, mais l'armée italienne ne se retire pas.
Début août, les Italiens estiment que rien qu'entre Knin et Deurnich se trouvent 10 000 insurgés serbes. C'est pourquoi Mussolini, sur proposition du gouverneur de la Dalmatie Bastianini, ordonne le 13 août que toute la zone démilitarisée soit occupée, que "les troupes croates en soient chassées", que tout le pouvoir dans la zone soit cédé aux Italiens et que les négociations sur la délimitation des frontières avec l’Etat indépendant de Croatie soient reportées sine die.
Ces jours-là, les Italiens s'attendaient à nouveau à ce que les Oustachis pointent leurs armes contre eux, mais ce fut seulement pour une courte période, jusqu'au 18 août, date à laquelle les Tchetniks remportèrent une nouvelle victoire. Ce matin-là, les Croates firent mouvement vers les insurgés en trois colonnes, depuis Gratchatz sous le commandement du général Loukic, depuis Lovinatz et depuis Oudbina. Les deux premières colonnes furent lourdement défaites près de Brouvno. Elles comptèrent 160 morts, parmi lesquels le général Lukic, ainsi que vingt blessés, dont la moitié n'a pas survécu. La troisième colonne connut un sort bien pire, puisqu’elle a compté 200 morts. Les insurgés, sous le commandement de Payitsa Omtchikouss, n’avaient pas tué les prisonniers, mais les ont remis aux Italiens (Omtchikouss commanda plus tard un régiment tchetnik; il a été tué par traîtrise par les communistes avant le début de la guerre civile).
Mila Mihaïlovic conclut : "Sur ordre du général Vittorio Ambrosio, commandant de la 2e armée, avant le 5 septembre, tous les Oustachis devaient avoir quitté sans conditions la zone démilitarisée. Ceci marqua aussi tout à la fois la fin – jusqu'à la capitulation de l'Italie le 8 septembre 1943 – des massacres Oustachis commis contre les Serbes et les Juifs dans la Lika et en Dalmatie".
La fin de cette première phase de l'activité italienne est décrite comme suit dans le mémorandum du gouvernement italien de septembre 1945:
"De telles mesures, de même que la protection et la sympathie de l'armée italienne envers la population serbe-orthodoxe, provoquèrent la colère des Croates et des Allemands, et ont ouvert la porte à l'amitié entre les Italiens et les Serbes".
Outre les documents italiens, des Tchetniks comme meneurs du soulèvement sont aussi évoqués dans les documents croates publiés dans ce livre. "Les Serbes sont en partie organisés en formation tchetniks", indique la lettre du 28 juillet 1941 du ministère croate des Affaires étrangères aux Italiens. Les Tchetniks sont mentionnés encore deux fois dans cette lettre, alors que les Partisans ne le sont pas du tout.
Dans un rapport adressé aux Italiens le 31 juillet, le ministère des Affaires étrangères de l’État Indépendant de Croatie mentionne l'hôtelier Milan Deurtcha et le commerçant Petar Yokic comme organisateurs des Serbes de la région de Benkovatz et un "ancien major" à Kistanié. Sur la base des sources tchetniks, nous savons que le seul major dans les rangs des insurgés était Bochko Rachéta, qui commandera les forces insurgées jusqu'en février 1942. Le même rapport énumère toute une série d'actions armées des Tchetniks contre les Oustachis, tandis qu’à propos des communistes il est dit qu’ils "font de la propagande" et "s'entraînent au maniement des armes de nuit".
Le commandement du 6e corps d'armée italien n'avait pas vu la présence d'unités communistes même le 20 août 1941 quand il a envoyé le rapport suivant : "Le communisme, en même temps que le renforcement inquiétant de la propagande, a accru l'activité terroriste par divers sabotages sur tout le territoire… Ils mettent en garde sur l’éventualité d’actions communistes aussi en Dalmatie, et notamment à Split. Le soulèvement des Serbes Tchetniks a tendance à s’étendre. Des informations parviennent faisant état d’affrontements armés au nord et à l'est de Sarajevo, près de Bania Louka et, d’un peu moindre intensité mais non de moindre importance, dans les environs de Karlovatz".
Bien évidement, après la guerre les communistes ont tout renversé diamétralement, affirmant rien de moins que le soulèvement contre le prétendu État indépendant de Croatie était mené et organisé par le Parti communiste de Croatie!
Mila Mihaïlovic, "Yougoslavie Avril 1941-Septembre 1943", publié en langue serbe par l'Association des éditeurs serbes, Belgrade 2012. Mail pour commander l’ouvrage: radmila.mihajlovic@rai.it
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