« Poudrière » – c’est le mot qu’on utilise souvent pour décrire les Balkans, à cause du grand nombre de guerres qui y ont eu lieu. Nous connaissons tous vaguement les dates et les nombres, mais, imaginons un instant que vous étiez officier dans un des pays des Balkans. Quel destin pourrait s’abattre non seulement sur vous et votre famille, mais aussi sur votre descendance ? Nous allons essayer de trouver une réponse dans la biographie de la famille Kalabic, et ce à travers tout le Vingtième siècle. Le grand-père était officier, son fils aussi, mais on n’a pas laissé le temps au petit-fils de gagner ses galons.
Par Miloslav SAMARDJIC
La rivière Drina, automne 1912, frontière sud-est du puissant Empire austro-hongrois et frontière occidentale du Royaume de Serbie, lequel avec la Grèce, la Bulgarie et le Monténégro vient d’entrer en guerre avec l’autre puissant empire de la région – l’Empire Ottoman. Les succès de l’union balkanique dans cette première Guerre balkanique ont beaucoup inquiété l’Autriche-Hongrie, qui a renforcé le nombre de ses gardes-frontières sur la Drina. L’inquiétude de Vienne venait du fait que les victoires contre l’Empire Ottoman ont réveillé un sentiment de liberté parmi les Slaves de la double Monarchie, en particulier chez les Tchèques et les Slovaques au nord, et les Serbes, qui constituaient la vaste majorité de la population de la Bosnie et de l’Herzégovine, au sud.
À cette époque, les Habsbourg avaient tellement étendus les frontières de leur monarchie, que les patrouilles de gardes-frontière ne pouvaient être constituées uniquement de soldats issus des populations qui leur étaient fidèles. Ainsi, la frontière sur la Drina était aussi surveillée par des Serbes de Bosnie. Parmi eux, Milan Kalabic, né en 1890 dans le village de Podnovlié, près de Dèrventa, fils d’un commerçant local. Dans l’atmosphère électrisée qui caractérisait cette période, Milan, un jour d’automne 1912, patrouille le long de la Drina avec un collègue Autrichien. Est-ce que ce dernier avait soudainement proféré une injure sur le compte des « tziganes des Balkans » comme les Austro-hongrois appelaient les Serbes, ou autre chose s’est passé - cela restera à jamais un mystère – toujours est-il qu’une étincelle déclencha une rixe, et Milan abat l’Autrichien. Il traversa la Drina pour se rendre sur l’autre rive, chez ses frères serbes, et se porter volontaire dans l’armée du Royaume de Serbie. Au préalable, il avait bien pris soin de laisser ses documents d’identité dans les poches du cadavre de l’Autrichien, lui ayant vraisemblablement aussi tiré une balle en plein visage pour que le cadavre soit difficilement identifiable. Il voulait ainsi protéger sa famille : sa femme Yoka, son fils Nikola né en 1906 et sa fille Angélina née en 1910. Et il y réussit : les autorités Austro-hongroises ont déclaré Milan décédé et ont remis à Yoka les documents indiquant que son mari a péri dans l’exercice de ses fonctions.
La nouvelle de la mort du jeune gendarme et garde frontière Milan Kalabic a lourdement affecté sa famille à Podnovlié. Des funérailles sont organisées, où, selon une vieille coutume, on dépose dans le cercueil quelques affaires personnelles du défunt. La famille en deuil porte le voile et se rend régulièrement sur la tombe de son «défunt» membre.
Une autre coutume de cette époque voulait que les jeunes veuves se remarient quelque temps après la rupture du deuil qui durait un an. Le choix de Yoka s’est porté sur un collègue et ami de Milan – Nikola Prodanovic – un gendarme de Podnovlié. Ils devaient convoler en 1914, mais l’Autriche-Hongrie a attaqué la Serbie, et ce, par la Bosnie. Les Austro-hongrois se sont pris une lourde défaite et la poudrière en feu s’est propagée à toute l’Europe.
A cause de l’état de guerre, les autorités austro-hongroises interdisaient aux jeunes gendarmes de se marier, et ainsi Yoka Kalabic et Nikola Prodanovic ont donné naissance en 1916 à un fils hors mariage, Nedeljko.
DANS UN CAMP DE CONCENTRATION À ARAD
Peu de temps après la naissance de Nedeljko, on apprend que Milan Kalabic est en vie, qu’il est devenu officier de l’Armée serbe et qu’il se bat contre les Empires centraux sur le front de Salonique. Les Austro-hongrois, furieux, font arrêter Yoka, ses enfants Nikola et Angélina, ainsi que son nouveau-né Nedeljko et les envoient dans un camp de concentration à Arad en Transylvanie austro-hongroise. Yoka réussit à bien protéger ses enfants durant la captivité, puisqu’ils ont tous la chance de retourner chez eux à la fin de la guerre en vie et en bonne santé, alors que beaucoup de Serbes - adultes aussi bien qu’enfant - ont laissé leur peau à Arad. (1) (Les Notes sont tout au bas de cette page, à la fin du texte - Note du Traducteur, ci-après NdT)
Après la guerre, « Yoka a essayé de renouer les liens de son mariage avec Milan mais sans succès
», témoignera Nedeljko Prodanovic. Lorsque Milan est retourné à Podnovlié, Nedeljko est allé vivre avec son père, lequel se mettra bientôt en ménage avec une autre femme. Milan est retourné dans sa ville natale au milieu des colonnes du défilé de la victoire de l’Armée serbe, promu au grade de capitaine de Gendarmerie, sa poitrine ornée des plus hautes décorations, parmi lesquels l’Ordre de l'Étoile de Karageorges, deux Ordres de l'Aigle blanc, deux médailles d’or et une médaille d’argent de la bravoure. (2)
On ignore comment il a réagi à ce qu’il a découvert dans son foyer, cette partie de l’histoire étant de l’ordre de l'intimité de la famille. Quoi qu’il en ait été, Milan ne s’est pas attardé à Podnovlié, ses affectations l’amenant à passer régulièrement d’un casernement à un autre. En tant qu’officier d’élite – c'est-à-dire un de ceux qui accomplissent complètement les missions qu’on leur confie – Milan Kalabic est envoyé en 1923 avec ses meilleurs hommes dans la région du Monténégro, avec pour mission spéciale le démantèlement d’un groupe terroriste communiste d’une douzaine de membres qui y faisait régner la terreur, ayant commis plusieurs assassinats de notables parmi lesquels un général d’armée et des personnes fortunées. La bande a été anéantie, mais deux de ses receleurs sont retrouvés morts, avec dans les poche de l’un d’entre eux un certificat de libération de prison signé de la main du commandant de la caserne de Gendarmerie… le capitaine Milan Kalabic. Il sera accusé, avec trois de ses hommes, de meurtre et d’abus de pouvoir. L’enquête durera six ans avant que les accusés ne soient convoqués en 1930 au tribunal de première instance de la ville de Nikchic. Cette affaire ayant provoqué un scandale dans l’opinion publique de l’époque, la famille Kalabic se souvient qu’on aurait dit à Milan que pour « des raisons politiques venues d’en haut lieu », il sera condamné, mais aura un traitement particulier en prison avant d’être très vite libéré, ce qui a été le cas. (3)
Mais, longtemps après, le 30 juillet 1940, dans une rue de Belgrade, le frère d’un des receleurs dont la mort quelques années plus tôt avait provoqué un tollé dans la presse, tombe nez à nez avec Milan Kalabic, alors retraité, et tente de l’assassiner. Milan, bien qu’atteint de quatre balles de revolver, survit à l’attentat sans séquelle notable. Le procès du terroriste fera longtemps la Une des journaux de l’époque. (4)
« IL ÉTAIT STRICT JUSQU’À L’EXTRÊME
»
D’après les propres termes de sa fille Angélina, Milan Kalabic était « terriblement sévère, désespérément strict
». Lorsqu’elle s’est plainte auprès de lui que poursuivre sa scolarité en même temps qu’être valet de ferme pour des Volksdeutsche locaux était difficile, il lui répondit que, si elle ne peut pas tenir le coup, elle n’a qu’à se jeter dans la rivière Oukrina (à proximité de Podnovlié – NdT) pour en finir. La scolarité de Nikola avait été tout aussi difficile que celle d’Angélina. En plus, son père le rossait fréquemment, et ce tellement brutalement, qu’il lui est arrivé de le blesser à la jambe. Pour toutes ces raisons, Nikola revint vivre avec sa mère et sa sœur, et tous ensemble ils se sont installés à Valiévo. On ignore quand a été formellement dissous le mariage entre Yoka et Milan, mais on sait que celui-ci s’est marié encore trois fois jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. « Il aimait la camaraderie, les bistrots, il était fait pour tout, sauf pour la vie en ménage. Il ne s’enivrait jamais mais il aimait la compagnie
», disait Angélina de son père Milan Kalabic. Cette rare association d’attributs – sévérité au travail et en famille par opposition à sociabilité en dehors – s’est transmise du père au fils. Nikola aussi, poursuit Angélina, « était strict jusqu’à l’extrême
». Le trait de caractère qui lui vient en premier pour le décrire est la loyauté au serment : « il était capable de tout écraser, dans le seul but de rester fidèle à son serment. Presque toutes les deux phrases il disait ‘Mère, j’en ai fait serment au Roi et à la Patrie’
». Mais à la différence de leur père, Nikola était plus tendre et fidèle à sa famille. (5)
Après six ans de lycée, Nikola Kalabic sort diplômé d’une école technique intermédiaire, section géodésie, de Belgrade. (6) Il fait son service militaire dans le Génie, d’octobre 1927 à juillet 1928 à Maribor, en Slovénie. Il avait fait remarquer les caractéristiques propres à son tempérament : d’un côté, « très bonne maîtrise de soi, en bonne santé, taiseux et paisible, effectue très bien son devoir, apte à devenir caporal et adjoint du sergent
», et de l’autre « puni de sept jours de mise aux arrêts
». Malgré tout, le supérieur de Nikola conclut : « Mérite recommandation
». (7) Son livret militaire indique qu’il aurait eu les yeux bleus, ce qui est inexact car comme sa sœur Angélina ils étaient de couleur verte. Avec son mètre quatre vingt, il était de grande taille pour l’époque, et avec cela, comme le note le médecin militaire, « de forte corpulence
». Sa corpulence venait du fait qu’il était un sportif accompli. Il était membre du Sokol, puis même moniteur dans leurs associations régionales. Le Sokol était une sorte d’association « mi-sportive mi-chevaleresque » qui avait pour but de promouvoir le développement physique en parallèle à une bonne éducation morale et faire germer le sentiment patriotique chez leurs membres ainsi que l’idée d’entraide entre Slaves. C’était la forme d’association sportive la plus répandue dans l’entre-deux guerres en Europe de l’Est, et on y pratiquait essentiellement la gymnastique et l’athlétisme. Sportif chevronné, Nikola était résolument non-fumeur – tout le contraire de la caricature que les communistes feront de lui plus tard dans leurs livres et leurs séries télévisées. Étant bien noté et recommandé par l’armée, Nikola Kalabic sera les années suivantes mobilisé pour des manœuvres militaires, où on le prépare à gagner ses galons d’officier. Il est promu lieutenant de réserve du Génie en 1929. (8) A la fin de son service militaire, Nikola effectue un stage au service des cadastres de la ville de Nish, tout en préparant le diplôme national de géomètre, qu’il réussit du premier coup en 1930. (9)
Sur les bancs de l’école, il fait la connaissance de Borka. D’un an plus jeune que lui, elle est originaire de Valiévo, d’une famille de sympathisants de la première heure de Nikola Pashic (fondateur du Parti Radical et vieux lion de la politique pendant un demi-siècle depuis 1875 – NdT). Elle décrivait Nikola comme un jeune homme « ayant de l’allure et subtil
» qui «aimait être serviable». Ils se sont mariés en 1929 à l’église de Valiévo, et un an plus tard de cette union naîtront des jumeaux - une fille Miriana et un garçon Milan. (10)
Yoka, la mère de Nikola, vivait avec le couple, de même que Angélina la sœur de Nikola jusqu’en 1935 lorsqu’elle se marie, mais au bout de deux ans elle a quitté son mari pour revenir vivre avec les Kalabic jusqu’à la fin de ses jours. (11) Au début des années 1930, Nikola est devenu membre actif de l’Association des Tchetniks (12)
présidée par le Voïvode Kosta Petianatz, et son engagement lui a même valu d’être décoré en 1936 de l’Ordre de la Couronne yougoslave. (13) A l’aube de la Seconde Guerre mondiale il dirige l’administration cadastrale de Valiévo, dans laquelle travaille aussi sa femme Borka. La famille Kalabic faisait partie des familles aisées et renommées. Jusqu’en 1940 Nikola était motard, puis il s’est offert une grosse voiture américaine - une « Buick ». « Il adorait les chevaux, il les aimait presque plus que les êtres humains
», témoignera sa femme Borka. Il aimait la camaraderie, la musique, les plaisanteries et son poète favori était Sergueï Essenine. (14) Le niveau de vie élevé, Nikola Kalabic le devait au fait qu’il avait un deuxième emploi - «directeur de la filiale d’une entreprise britannique de construction de ponts», comme le notera le OSS LtCol. Albert B Seitz dans un de ses rapports en 1943. (15)
L’administration géodésique du district de Valiévo. Le responsable, Nikola Kalabic est assis au centre. A gauche son épouse Borka, fonctionnaire du service.
Pendant la guerre d’Avril 1941, Nikola Kalabic, portant alors le grade de lieutenant, réussit à ne pas être capturé et il se rend sur le mont Boukoulia où le Voïvode Kosta Petianatz le fait Voïvode tchetnik. Mais, le vieux Voïvode Petianatz se range sous peu dans la Collaboration et Kalabic le quitte. En septembre 1941 il se rend sur la Ravna Gora, où le commandant des unités tchetniks de l’Armée royale yougoslave, le colonel Draja Mihaïlovic, est en train de constituer la Garde royale de la montagne. Mihaïlovic accueille Kalabic avec joie et le nomme commandant de cette unité.
Il a participé à de nombreux combats, d’abord contre les Allemands puis contre les communistes. Les Tchetniks, qui n’avaient plus de munitions après des combats contre les Allemands, ont difficilement résisté durant le mois de novembre aux attaques dans leur dos par les communistes. C’est alors que Nikola Kalabic demande l’autorisation à son commandant pour aller s’approvisionner en munition – chez son père ! Le major Milan Kalabic commandait la XIème unité armée des forces collaborationniste de Milan Nedic, basée tout près, à Ljig. Il disposait d’une quantité astronomique de munitions, mais il avait menacé publiquement de tuer de ses propres mains son fils parce qu’il a «pris le maquis». (16)
Accompagné du lieutenant Paul Mechkovic, Nikola prend la route de Ljig, en évitant soigneusement de croiser la route des Nazis et des communistes. Voici comment Mechkovic décrit cet événement :
«Le premier poste de contrôle sur lequel nous tombons, Nikola décline son identité et nous sommes emmenés à leur poste de commandement. Aux bruits qui courraient déjà que son fils était arrivé, le père bondit de son bureau, le revolver pointé vers nous : ‘Laissez moi ce criminel que je le tue !’ Nikola était pétrifié, il ne bougeait pas d’un cil. Hirsute, sale, en haillons, le visage bouffé par le manque de sommeil – un vrai épouvantail. Le vieux s’immobilise à sa vue. Se fait un silence de mort de quelques secondes qui paraissent une éternité. Nikola découvre tranquillement son torse : ‘Je préfère que ce soit toi qui me tue plutôt que les communistes’. L’amour paternel prévaut. Le père et le fils tombent dans les bras l’un de l’autre. La discussion dure longtemps. Le vieux Kalabic accepte tout, et avec tous ses hommes à partir de cet instant il devient un des nôtres.» (17)
Grâce aux munitions obtenues, les Tchetniks lancent une contre-offensive et repoussent les communistes. Mais, c’est alors que l’information se fait pressente selon laquelle de puissantes colonnes allemandes arrivent de toutes parts. La veille du déclenchement de l’Opération « Mihaïlovic
» par les Allemands, le 5 décembre 1941, a lieu la première rencontre entre le colonel Mihaïlovic et le vieux Kalabic. «Il est certain que la rencontre a été organisée par Nikola, le fils du major Milan Kalabic», note le lieutenant Serge Jivanovic, qui poursuit : «Pendant la rencontre, le major Kalabic a promis un soutien total au colonel Mihaïlovic et a recueilli comme siens tous les blessés Tchetniks à l’hôpital de campagne du village de Gorgni Bagnani. De cette façon, le colonel Mihaïlovic a résolu un de ses plus brûlants problèmes : protéger ses blessés d’une mort certaine que n’auraient pas manqué de leur donner les Allemands.» (18)
Peu avant le Nouvel an 1942, une nouvelle rencontre entre Mihaïlovic et le vieux Kalabic a lieu au même endroit. Il est convenu que Milan Kalabic veille sur l’état major de Mihaïlovic, constitue un réseau de renseignement propre, et enfin approvisionne les Tchetniks en argent, armes et munitions, matériel médical, etc… (19) Malheureusement, les Nazis apprennent que Milan Kalabic aide les Tchetniks de Mihaïlovic. Ils l’arrêtent en février 1942 et le «relâchent après de longs interrogatoires». Il est muté à Pojarévatz, mais il continuera de travailler pour les Tchetniks. (20)
En plus d’informations habituelles concernant les faits et gestes de l’Occupant, Milan Kalabic rapportait au Grand Quartier Général (GQG) de Mihaïlovic – qui lui-même transmettra aux Britanniques – des informations aussi sensibles que celles concernant les nouveaux types d’avions allemands en projet. (21)
Milan Kalabic était un officier discipliné qui jouait parfaitement le rôle de «notre homme dans le camp adverse», plus encore en ayant à l’esprit que la Gestapo était sur ses pas. Lorsque les stations d’écoutes de l’Abwehr enregistraient quelque chose qui le concernait, le Generaloberst Alexander Löhr considérait que ce n’était pas une preuve suffisante, concluant : «Prudence requise concernant la procédure contre Kalabic. Le contrôle des liaisons radios ne doit pas être la seule source de renseignement pour rassembler des preuves contre lui.» (22) Mais ils finiront par marquer des points en jouant sur le point faible de Kalabic - les jeunes et belles femmes. Les éléments clés de la collaboration de Milan Kalabic avec les Tchetniks ont été fournis aux Allemands par une certaine Boba Stanichic originaire de Pojarévatz, une espionne qu’ils ont littéralement poussé dans ses bras. (23) Il est arrêté une seconde fois le 20 novembre 1942 à Pojarévatz. Il demandera aux officiers allemands qui le conduisent à Belgrade de lui donner une arme pour s’épargner des souffrances, mais ils n’ont pas exaucé son souhait. (24) Mihaïlovic informe le gouvernement en exil à Londres de la disparition tragique de Milan Kalabic par une dépêche du 23 décembre: «Les Allemands ont exécuté le major Milan Kalabic parce qu'il était un de nos collaborateurs. Ils l’ont monstrueusement torturé et roulé dans des débris de verre». (25) Malgré la torture inhumaine qu’on lui a fait subir, Milan Kalabic n’a dénoncé personne.
À LA PLACE DU MARIAGE – LA GESTAPO
Un mois plus tôt, Stanislav Krakov, un proche parent et collaborateur de Milan Nedic, le chef du 'gouvernement' installé à Belgrade par les Allemands, rencontre le lieutenant Milan Kalabic «guilleret et fier» dans les couloirs d’un ministère. Ce denier n’attendait qu’une occasion pour se vanter: «Hep Krakati (ainsi qu’il me surnommait, moi je l’appelais ‘Kalaba’), vient que je te montre la fille (en réalité il a employé un terme que la décence ne permet pas de rapporter) que papy s’est trouvé. Et voilà, je me prépare au mariage. Je lui ai acheté une bague avec des brillants que j’ai eu d’une Russe, elle me coûte 200.000 dinars, mais elle les vaut bien. Le bémol, c’est que c’est une féroce sympathisante de Draja
(Mihaïlovic – NdT)
et j’ai eu du mal à lui prouver que nous n’étions pas des ‘collabos’…
» (26)
Les hommes de Nedic ont établi que Boba Stanichic était en fait une communiste infiltrée dans la Gestapo, pour que d’un côté elle informe les communistes des agissements des Allemands, et de l’autre elle démasque les agents travaillant pour les Tchetniks. Après avoir livré les documents le compromettant, elle disparaîtra dans la nature sans laisser de trace. Krakov, poursuit, et confirme que Kalabic n’a dénoncé personne malgré l’horrible torture à laquelle il a été soumis.
C’est exactement pourquoi la Gestapo s’est vengée de lui de la façon suivante: «La Gestapo l’a mis à part, car ils ont préparé spécialement pour lui le chemin qu’il devait prendre jusqu’au supplice, les autres condamnés étaient exemptés de cette ultime torture bestiale. Sur l’allée qu’il devait emprunter, les bras emprisonnés par une chaîne en acier tendue par un agent de la Gestapo de part et d’autre de l’allée, des tessons de bouteilles brisées étaient plantés, les pointes tranchantes tournées vers le haut. Milan Kalabic devait marcher pieds nus sur cette allée parsemée de verre tranchant qui se plantait dans sa chair, déchiquetant les muscles et les veines. Le sang giclait à chacun de ses pas titubants sur cette allée de la torture et il est très difficilement parvenu vivant jusqu’au poteau d’exécution où ils l’ont achevé.» (27)
Pojarévatz en 1942. La dernière photo connue de Milan Kalabic
Le lieutenant Nikola Kalabic était considéré comme l’un des meilleurs officiers en opération, ce pourquoi il s’est vu confier les missions les plus périlleuses. Dans son rapport du 27 juin 1942 au Gouvernement royal yougoslave en exil à Londres, le général Mihaïlovic le compte parmi le tout petit nombre de ses plus proches collaborateurs, citant son poste de l’époque : Commandant de la brigade de la ‘Garde royale de la montagne’. (28)
Kalabic se trouvait à cette période avec une partie de sa brigade au Monténégro pour gérer la sécurité du GQG. Début octobre 1942, le général Mihaïlovic lui donne pour mission de retourner à Valiévo pour faire de la Garde une puissante unité, et par la même occasion raviver le corps de Valiévo. Il a accomplit sa mission, mais s’en est suivie une action brutale des Allemands et de leurs alliés idéologiques et armés en Serbie – les miliciens de Liotic. (29) Les combats les plus durs dans le secteur de Valiévo durant cette période ont eu lieu au village de Stapari, à l’aube du 6 décembre, lorsque 500 miliciens de Liotic et 500 Allemands ont attaqué les lieutenants Nikola Kalabic et Nechko Nedic - commandant du corps de Valiévo - et leurs pelotons d’escortes. «Dans une lutte désespérée nous avons percé l’encerclement de l’ennemi», rapporte Kalabic énumérant aussi le nombre des victimes. Parmi elles, son adjoint, le lieutenant Milan Vitass a péri durant les combats, et le lieutenant Nechko Nedic a été capturé (il réussira plus tard à s’échapper du «camps de DM», comme appelaient les Allemands les camps de concentration de membres et/ou sympathisants des forces armées de Draja Mihaïlovic, du quartier de Bagnitsa à Belgrade). (30)
La tête de Nikola Kalabic a été mise à prix et les Allemands et les miliciens de Liotic le traquaient chaque jour. Dans un radiogramme envoyé à Mihaïlovic le 20 décembre 1942 il parle de la tragédie vécue par sa famille:
«Ils ont proprement écartelé ma famille. Ma femme était destinée à la Gestapo à Belgrade - elle s’est échappée. Mon fils aussi, âgé de 11 ans – il s’est échappé tout seul, mais je ne l’ai pas encore retrouvé. Ma mère et ma fille de 11 ans et ma sœur mariée – ils les ont capturé. J’en ai gros sur le cœur, mais je suis encore plus solide.» (31)
A cause des nouvelles traques il n’a redonné de ses nouvelles que le 6 janvier 1943, rapportant les combats du 22 décembre. Le peloton allemand qui l’attaquait ce jour-là était fort de 200 soldats (32)
tandis que Kalabic se retrouvait dans une maison encerclé avec seulement deux escortes, qui trouveront la mort lors de la percée. Voici la description qu'a rapporté Nikola Kalabic de ces combats:
«Les combats ont duré de 5h à 9h à la vie - à la mort. J’ai décidé que nous allions périr dans notre élan et nous avons tout trois foncé vers la mort. Mes escortes sont tombés morts, j’ai seulement réussi à
(illisible – Note de l'auteur)
et je rends grâce à Dieu et à mon Maschinengewehr allemand. J’ai tué le commandant Allemand et un soldat et en ai blessé six autres.
» (33)
Kalabic s'était trouvé encerclé dans la maison de Jivorade et Milorade Subotic à Ossétchénitsa. Les Allemands ont immédiatement exécuté tous les hommes de la famille Subotic, et ont incendié toutes les maisons des environs. (34)
Après cet événement, Kalabic a rejoint son bataillon qui sécurisait la Drina contre les incursions oustachies.
Au printemps 1943, il reçoit pour mission de remettre de l’ordre dans le corps de Zlatibor, puis en juin de fonder au centre de la Serbie le corps de la Garde royale de la montagne.
La souffrance de sa famille n’avait pas cessée, puisque les Allemands exécutent plusieurs membres de sa belle-famille, mais au printemps 1943, il réussit à exfiltrer sa fille Miriana du camps de Bagnitsa à Belgrade grâce aux agents tchetniks infiltrés dans l’administration collaborationniste de Nedic, et l’un après l’autre toute la famille finit par être enfin réunie, pour la première fois depuis le début de la guerre, dans un hameau près de Topola. (35)
Les Occupants ont vite réagis à l’apparition de fortes unités de guérilla à proximité de Belgrade en mettant en œuvre l’«Opération Roudnik» du nom de la montagne éponyme. Sur la base de documents allemands, le professeur Ivan Avakumovic note:
«Les unités des armées allemande et bulgare ainsi qu’un bataillon des miliciens de Liotic ont entrepris l’opération ‘Rudnik’ le 23 juillet 1943. Les premiers jours, l’Occupant était persuadé d’avoir encerclé Kalabic. Mais, par la suite, après avoir exécuté une trentaine de ses soldats, l’Occupant a conclut que Kalabic leur a, une fois de plus, échappé.» (36)
Le sous-lieutenant de la Garde Bojidar Panic témoignera:
«Nous avons tout d’abord vu des fusées éclairantes, il y en avait plein le ciel. C’étaient les Allemands et les Bulgares qui ‘entraient en liaison’. Nous avons choisi les endroits les plus favorables pour une percée – des ravines et des ruisseaux, et nous avions attendu qu’ils s’approchent le plus possible. Nous avons brisé l’encerclement répartis en deux groupes qui ont pris des directions opposées. Là, nous avons abattus trois soldats bulgares sans subir de pertes. Kalabic et le gros de la Garde ont percé dans la direction opposée. Nous pouvions entendre, lors de la percée de l’autre groupe, qu’une lutte acharnée avait lieu, c’était « chaud». La situation était bien pire pour le groupe de Kalabic, parce que de son côté c’était les Allemands.» (37)
Peu de temps après, le 21 août 1943, avec 400 Tchetniks, Kalabic désarme et chasse les forces collaborationnistes du village de Stragari à 25 kilomètres de Kragouïevatz. Elles étaient là pour réquisitionner les céréales des paysans de la région pour les besoins du Troisième Reich. (38)
Le lendemain, 25 soldats allemands et un certain nombre de collaborationnistes réinvestissent le village. Le soir-même, les Tchetniks prennent de nouveau le village d'assaut, tuant trois soldats allemands, les autres étant faits prisonniers, et repoussent une fois encore les collaborationnistes. Kalabic envoie une missive aux Allemands menaçant d’exécuter les prisonniers si les habituelles mesures de répressions contre les civils sont mises en œuvre. Les Allemands ont tout de même incendié le village de Stragari qui a été complètement réduis en cendres, mais le nombre de victimes civiles aurait été plus important si les habitants du village n’avaient pas pris la fuite à temps. Kalabic a tenu parole et exécuté tous les prisonniers (presque tous étaient des SS Albanais). (39)
A l’automne 1943, le capitaine Nikola Kalabic reçoit la mission d’améliorer l’état du corps de Kosmaï, du nom éponyme d’une montagne au sud proche de Belgrade. Ce corps sera intégré dans la Garde, qui était à ce moment en cours de formation en groupe de corps. A cette période, une mission militaire Alliée vient en inspection de la Garde royale de la montagne. L'un de ses trois membres, le OSS LtCol. Albert B. Seitz, note:
«Nikola Kalabic était l’une des personnes les plus intéressantes de la Yougoslavie tout entière. Il était bel homme avec sa barbe noire, plein d’esprit, une présence qui rayonnait de joie de vivre. Il avait un esprit vif, acéré et un sens de l’humour aigu, qui faisait qu’il était adulé par ses soldats et les paysans qui l'appelaient affectueusement 'Oncle Pierrot'. Dans son uniforme noir bien taillé, le linge toujours propre, il donnait l’impression d’un Monsieur qui en impose et un soldat. Son héroïsme est déjà devenu légendaire. Il réussit à maintenir un niveau élevé de discipline de ses troupes même au fin fond de la forêt. J’ai laissé à Kalabic tout ce que je pouvais lui remettre de la part des États-Unis d’Amérique - mon pistolet Colt calibre 45.» (40)
Une nouvelle opération contre la Garde est mise en œuvre par le commandant du groupe d'armées F le Generalfeldmarschall Maximilian von Weichs et August Meyszner SS-Gruppenführer et Generalleutnant der Polizei pour la Serbie, le 2 février 1944. L’opération, qualifiée de «action de grande classe» a reçu le nom de code « Treibjagd
» ("la chasse"). (41)
L’Oberst Diesener de la SS-Polizei Regiment 5 est nommé commandant de l’opération, et on adjoint à une partie de son régiment un bataillon de la Panzer-Grenadier-Division « Brandenburg », ainsi que des pelotons Bulgares et des miliciens de Liotic. D’après le plan prévu, la zone à l’intérieur de laquelle ils estimaient que devait se trouver la Garde était encerclée. Et en effet, à l’intérieur se sont retrouvées toutes les unités de la Garde à ce moment, qui, du fait de la rigueur de l’hiver, se montait à peine à environ 1.000 soldats. Les unités de l’Occupant ont donné l’assaut le 17 février, avec sept bataillons allemands et des miliciens de Liotic (entre 3.500 et 4.000 hommes), et plus tard les ont rejoints des éléments du 70e corps d’armée bulgare. Sur le front nord, la Garde mène de lourds combats contre les SS. D’après un rapport allemand, le 'II/SS-Polizei Regiment 5' était à la lutte au «corps à corps» avec les Tchetniks de Kalabic. (42)
Le troisième jour de l’opération, le 20 février, l’Oberst Diesener annonce que les SS et les miliciens de Liotic se tiennent «brillamment» dans les combats contre les Tchetniks. Mais, le rapport suivant parle de «crise» du 2e bataillon du 2e régiment des forces de Liotic. La «crise» était sérieuse puisque, d’après ce même rapport, les Allemands leur ont immédiatement envoyé des renforts et que le Generalfeldmarschall von Weichs s’est personnellement rendu auprès de ses troupes dans les environs de Topola et Arandjelovatz. Cependant, le temps que les renforts allemands arrivent, les Tchetniks avaient enfoncé la partie de l’encerclement qui épousait le tracé de la petite rivière Yasenitza, dont avaient la charge les miliciens de Liotic et ils se sont retirés vers le sud. D’après les sources allemandes, les pertes allemandes étaient «non significatives», mais l’Occupant a exécuté 81 personnes pour 931 capturées, et il a eu comme prise de guerre 10 armes automatiques, 261 fusils et 28 grenades, il est tombé sur sept caches de nourritures, cinq d’archives, une imprimerie clandestine, etc… (43) Comme ils en avaient l’habitude, les Allemands incluaient dans les «pertes ennemies» les civils – les «sympathisants de Draja Mihaïlovic», et en l’occurrence, ils comptent pour la majorité des pertes dans le rapport allemand cité ci-dessus.
Sur la montagne Povlène, le 28 juin 1943. La Garde royale de la montagne célèbre, dans le maquis, la fête du Saint patron de l’armée - Vidovdane (la «Saint Guy»), Kalabic allume le cierge.
Le capitaine Nikola Kalabic (debout, cinquième à partir de la gauche), au milieu d’officiers et sous-officiers de la Garde reconnaissables au fait qu'ils portaient la barbe ce qui n'était pas le cas des soldats.
Novembre 1943, Stragari près de Topola. De gauche à droite : le British Colonel Duane Hudson, le USMC Capt. Walter Mansfield et le LtCol. Albert B Seitz portant une couronne de fleur en guise de bienvenue offertes par les villageois, le capitaine Nikola Kalabic et ses Gardistes.
A cause du revirement de politique des Alliés occidentaux, qui, fin 1943, se sont retournés en faveur des communistes yougoslaves puis ont commencé à les armer massivement ; à partir du printemps 1944, la situation dans les zones de guerre devient sensiblement différente. A ce moment, l’ennemi principal des Tchetniks devient les partisans. Ces derniers dirigeaient déjà constamment le gros de leurs forces sur les Tchetniks. La réponse du général Mihaïlovic est de regrouper ses unités, créant entre autre trois groupes de corps d’assaut: les 2e, 4e et 8e. Le 4e groupe de corps d’assaut était la formation d’élite, disposant de 8.000 soldats répartis en quatre corps d’assaut. Nikola Kalabic est promu commandant du 2e corps du 4e groupe de corps d’assaut.
Le printemps et l’été 1944 s’écoulent dans des combats contre les unités les plus massives de partisans. Pendant l’une d’entre elle, sur la Yelova Gora – la montagne dominant le nord-ouest d’Oujitsé, l’OSS Capt. John Milodragovich est présent à l’état-major de Kalabic. Il rapporte, entre autre:
«En discutant avec la population et les soldats, j’ai su que Kalabic est aimé et connu pour être strict, à cheval sur la discipline et un excellent officier. La contre-offensive des Partisans a débuté par un feu nourri de mortiers sur le corps de Roudnik lequel était, comme je l’ai vu par la suite, à court de munitions. Pendant les cinq jours suivants, j’ai eu l’occasion d’observer comment le capitaine Kalabic manœuvre ses troupes pendant la retraite défensive devant le déferlement de Partisans tout en maintenant constamment la liaison avec les forces du colonel Ratchic qui étaient sur son aile droite. Quand nous sommes arrivés au sommet des montagnes au sud-ouest de Valiévo, une puissante ligne de défense a été organisée et l’offensive des Partisans a été brisée. Les Nationalistes
(dans le contexte de l’époque le mot n’a pas de connotation négative, cela signifiait ‘les patriotes’ – NdT), qui avaient chacun entre 5 et 20 cartouches par fusil et 40 à 60 cartouches par mitrailleuse, se préparaient à la contre-offensive au moment où je les ai quitté afin de rapporter personnellement au Lt. Col. McDowell les événements auxquels j’ai assisté.
» (44)
La contre-offensive n’a pas eu lieu, parce qu’à ce moment on apprend que l’Armée rouge a franchi le Danube pour entrer en Serbie. Les Soviétiques désarmaient et remettaient aux Partisans des milliers de Tchetniks, ce pourquoi, Mihaïlovic donna l’ordre de se retirer vers l’ouest, en Bosnie, laissant à l’est un grand nombre de ses combattants. Les Tchetniks ont progressé en deux colonnes. La plus petite, dans laquelle se trouvait le GQG, progressait par la Matchva, tandis que l’autre, plus nombreuse avec environ 20.000 Tchetniks, a pris la route du sud, par le Sandjak et le nord du Monténégro. Les unités de la Garde étaient dans la colonne se dirigeant au sud. Malgré le chaos ambiant, la Garde progressait de façon ordonnée. Le nombre de membres de ces unités le 1e novembre 1944 était de 2.773 officiers, sous-officiers et soldats. (45)
Sur la route de la Bosnie, le 8 novembre à Siénitsa, la Garde est pour la première fois attaquée par l’aviation des Alliés occidentaux. Les bombes ont manquées de peu Nikola Kalabic, ce que rapporte le Journal des opérations de l’unité. (46) D’après le témoignage du sous-lieutenant Dragovane Radulovic, la personnalité courageuse de Kalabic s’était pleinement exprimée durant ce Golgotha à travers la Bosnie:
«En Bosnie, j’étais constamment près de lui. Il allait de l’avant, comme nous tous» (47)
Le Journal du sous-lieutenant Miletic le confirme:
«A nos côtés marchait le commandant de la Garde, notre Oncle Pierrot, qui ne nous a jamais abandonné, pas même dans les moments critiques les plus difficiles pendant les combats. On ne voyait qu'une présence: de tous les commandants, seule la présence du commandant de la Garde était visible. Ce jour-là, le 25 décembre, nous sommes restés à nos postes. Des mitrailleuses et des mortiers de tout type nous pilonnaient.» (48) La note est datée de décembre 1944, lorsque les Tchetniks ont supportés leur première lourde défaite, dans les combats pour Tuzla contre les Partisans.
Ces Partisans étaient en majorité d’anciens SS, qui venaient tout juste d’abandonner la '13. Waffen-Gebirgs-Division der SS „Handschar“ (kroatische Nr. 1)'. Le Journal des opérations de la Garde royale de la montagne indique d'ailleurs pour le 25 décembre: «De tous les communistes tués, la plupart viennent des SS, reconnaissables à leurs vêtements.» (49)
Les Tchetniks avaient désespérément besoin d’un abri pour supporter l’Hiver rigoureux de la Bosnie. La nuit ils allumaient des milliers de feux de camp dans leurs positions tout autour de Tuzla, alors que les SS n'étaient que dans les bunkers - que les Allemands leur avaient construits auparavant - leurs armes allemandes à la main. Seule l’attaque sur la plus faiblement défendue Modritcha a réussi. Les Tchetniks y ont vaincu les Oustachis le 14 janvier 1945 après plusieurs jours de combats. Le gros des troupes tchetniks reste dans ce secteur jusqu’en avril, lorsque le général Mihaïlovic divise le reste de son armée en trois colonnes et donne l’ordre d’ouvrir une brèche en direction de la Serbie, que l’Armée rouge venait de quitter par le nord. Le commandant de la colonne du milieu était Nikola Kalabic, à cette époque promu lieutenant-colonel. Les colonnes percent au plus proche de la source de la rivière Drina où elles sont éparpillées le 13 mai 1945 par les partisans bien supérieurs en nombre, et qui à cette époque disposaient même d’une aviation. Le général Mihaïlovic ordonne la percée par petits groupes et le début d’une nouvelle guérilla – cette fois contre les communistes.
Sur la route du Golgotha à travers la Bosnie, Nikola avait emmené sa mère, sa femme et ses enfants, mais il refusait que sa famille ait un traitement privilégié par rapport à ses soldats. «Il disait qu’ils lui étaient plus précieux que nous, ce qui me faisait mal» dira sa fille Miriana Kalabic. Pendant la marche, à Gorazdé, Miriana a une crise d’appendicite. Voyant que la petite fille ne pouvait marcher, le commandant de la brigade d’assaut, le lieutenant Jivorade Mishic, lui a cédé son cheval. C’est alors qu’apparait Nikola. Il demanda à qui appartenait le cheval. Sa femme Borka lui expliqua la situation, mentionnant la recommandation du médecin de ménager Miriana, de lui faire faire le moins d’efforts possible. Nikola s’est écrié: «Descend de cheval ! Mes blessés sont plus précieux!» et se tournant vers Mishic: «A compter de maintenant, pour punition, tu ne disposeras plus de cheval». Miriana n’a pas osé prononcer une seule syllabe, mais elle n’en pensait pas moins: «Est-ce pour ça qu’à cause de toi j’ai été un an prisonnière, tu voudrais aujourd’hui que je meure?» (50)
Le capitaine Nikola Kalabic. Sur une poche de sa vareuse il porte l’insigne du corps des US Marines, cadeau du LtCol. Seitz
Pragnani près de Tchatchak, le 6 septembre 1944. De gauche à droite passant les troupes en revue: Nikola Kalabic, le OSS Capt. Lalic, le général Mihaïlovic, le OSS Lt. Col. Robert H. McDowell
Sur le mont Zelengora, en mai 1945, les communistes capturent Yoka - la mère de Nikola Kalabic - sa femme Borka et sa fille Miriana. En réalité, sur la propre recommandation de Nikola, elles se sont laissées capturer sous de fausses identités. Elles se sont présentées comme la mère, l’épouse et la fille de Georges Rogic, un ami de Nikola Kalabic qui disposait d’un sauf-conduit communiste. Sur ces sauf-conduits était écrit que celui qui les apporterait à un représentant du nouveau pouvoir pourrait librement retourner dans ses foyers car la guerre était terminée. Ces sauf-conduits avaient été dispersés en avion. Mais la promesse n’avait pas été tenue: c’était un leurre et leurs porteurs étaient systématiquement exécutés.
Le stratagème n’avait pas fonctionné. Quelqu’un avait reconnu la famille Kalabic. Les communistes ont alors mobilisé de force Miriana dans la 18e brigade de choc croate, peu leur important qu’elle n’avait pas encore 15 (quinze) ans, tandis que Yoka et Borka ont été faites prisonnières.
Nikola a gardé son fils Milan près de lui jusqu’au moment où cela ne pouvait plus être possible. En traversant la Neretva, il l’a confié au prêtre orthodoxe Miro Gluchatz, trésorier d’une des brigades de la Garde. Il était originaire de la Krajina en Bosnie et savait que sa famille était dans les Partisans. C’est pourquoi Nikola considérait que la meilleure solution était que le pope prenne la route de la Krajina, se présente comme un réfugié retournant chez lui accompagné de «son neveu» Douchko. Le sous-lieutenant Dragovane Radulovic avait assisté à la séparation entre le père et son fils: «Il l’a embrassé et lui a dit ‘la Patrie a besoin de moi. Je quitte mon fils unique’» (51)
Ce plan aurait pu fonctionner et Nikola aurait réussi à sauver son fils, si les communistes à cette époque ne capturaient pas et n’exécutaient pas massivement les prêtres serbes orthodoxes. D’après les mémoires de l’Archimandrite Yovane Radosavliévic, Miro Gluchatz avait été arrêté le 25 ou le 26 mai 1945 avec «son neveu Douchane» - alias Milan Kalabic - âgé de 14 (quatorze) ans. La milice communiste les a d’abord enfermés dans la maison du père Novak Stanoïevic à Fotcha, où se trouvaient déjà des prisonniers parmi lesquels l’illustre théologien le père Yovan Rapaillic ainsi que le père Mihaïlo Djusic. Dès le lendemain, les compagnons d’infortune qui étaient avec les père Rapaillic et Djusic ont été exécutés sans autre forme de procès, tandis que eux-mêmes sont transférés à la prison de Fotcha. Apprenant cela, le père Novak supplie le chef de l’OZNA (la police secrète titiste - NdT)
pour le secteur de Fotcha de faire revenir ces deux théologiens dans sa maison pour les soigner. Mais, Rapaillic, Djusic et Gluchatz avec «son neveu» sont convoyés jusqu’à Sarajevo le 27 mai 1945. Le père Novak n’apprendra leur ultérieur destin qu’après le 2 juillet lorsqu’il sera lui-même arrêté et escorté à la prison de Sarajevo. Il a appris de source sûre que le père Yovan et le père Mihaïlo ont été exécutés dans un village à la source de la rivière Bosna, aux pieds du mont Igman, dans la banlieue de Sarajevo. Concernant le père Miro Gluchatz et Milan Kalabic, le père Novak dit qu’ils ont «vraisemblablement» été exécutés au même endroit. (52)
Pendant qu’il était encore en liberté, le 25 juin, durant la liturgie dans l’église du village d’Oustikolina près de Fotcha, une femme a discrètement transmis un billet au père Novak sur lequel est écrit:
«Cher père Novak, j’ai entendu dire que mon fils Douchane
(c'est-à-dire Milan Kalabic – Note de l'auteur) était dans votre maison. Je vous en prie, trouvez-le vivant ou trouvez sa tombe. Je vous en serai éternellement reconnaissant. Signé : le commandant de la Garde royale, le colonel
(son dernier grade –
Note de l'auteur) Nikola Kalabic». (53)
A l’été 1945, Miriana est démobilisée de chez les Partisans, et Borka temporairement remise en liberté. Borka est restée à Valiévo, tandis que Miriana est partie vivre chez ses grands-parents maternels dans la campagne environnante. Une nuit de novembre, Nikola entre dans le village avec une dizaine de Tchetniks. Il demande des nouvelles de Milan. Miriana lui révèle ce que lui a dit un Tchetnik qui a survécu par miracle à la prison de Sarajevo. Ce Tchetnik avait sa paillasse par terre juste derrière celle de Milan. Quelques jours plus tôt, quelqu’un a révélé aux communistes avoir reconnu le fils de Nikola Kalabic. Une nuit, les communistes sont entrés dans la geôle et ont emmené Milan avec eux. Sachant que les communistes exécutaient aussi les témoins d’assassinats de personnes importantes, ce Tchetnik a changé sa paillasse de place. Et en effet, lorsqu’ils sont peu de temps après revenus, ils ont emmenés avec eux le malheureux qui dormait derrière et celui qui dormait devant la paillasse vide. Miriana ne se souvenait pas du nom de ce Tchetnik. (54)
Dans le livre de Slobodan Cirovic «Notes de discussions sur le parvis de l’église», on apprend que ce Tchetnik se nomme Milan Beliakovic originaire d’un village dans la région de Grouja. (55)
Le sous-lieutenant Radulovic témoignera de la suite:
«J’étais avec Kalabic lorsqu’il a été informé de l’exécution de son fils. Il gémissait et rugissait tellement… qu’il m’est impossible de décrire cela avec des mots.» (56)
Dans une lettre au général Mihaïlovic du 22 novembre 1945, Nikola pleure la disparition du fils de Mihaïlovic – Vojislav et de son propre fils Milan:
«Cher Draja, Les circonstances ne nous ont pas permis de nous rencontrer dans le district du Monténégro. Je rends grâce à Dieu que vous ayez réussi jusqu’à présent à surmonter toutes ces souffrances surhumaines. Du fond du cœur mes sincères condoléances pour votre cher Voïa. Mon Misha – mon bonheur – est aussi tombé pour la cause de la Ravna Gora. Au nom de Dieu tout ira bien, car tant que vous êtes en vie, pour un Serbe tout ira bien.» (57)
LE MYTHE DE LA TRAHISON
D’après les déclarations de Tchetniks - certains d’entre eux ayant été témoins oculaires - Nikola Kalabic a été tué à la mi-janvier 1946, devant une grotte près d’un village à une dizaine de kilomètres de Valiévo. (58)
Sa dépouille n’a jamais été retrouvée.
Cependant, à partir de 1962, quand le quotidien « Politika » a publié un article sous forme de série, un des piliers de la propagande de la Yougoslavie socialiste devient la thèse selon laquelle Nikola Kalabic aurait trahi le général Draja Mihaïlovic en mars 1946. Les tenants de cette propagande étaient membres de la police secrète communiste. Leurs mémoires ont même été la base pour la réalisation d’un film et d’une série télévisée. Pour résumer cette thèse : Kalabic est présenté comme étant un alcoolique, et ses Tchetniks comme des bandits de grands chemins, tandis que les communistes sont parés de toutes les vertus. Ces derniers infiltrent très facilement leur agent dans le groupe de Kalabic et sur un coup de bluff l’emmènent à Belgrade et le persuadent de les emmener jusqu’à Mihaïlovic en échange de sa propre vie. Il aurait accepté et la capture de Mihaïlovic aurait facilement été réalisée, car Mihaïlovic aussi aurait été un alcoolique doublé d’un incapable.
Bien des années plus tard, en 2009, la République de Serbie constitue une Commission d’Etat dont la mission est la recherche de la dépouille du général Mihaïlovic. Elle n’a pas rempli sa mission, mais elle aurait retrouvée des photographies datant de 1946, sur lesquelles figurerait Kalabic en compagnie des communistes qu’il a mené jusqu’à Mihaïlovic, ainsi que des lettres qu’il aurait prétendument écrit aux leaders communistes. La Commission a conclut à l’authenticité des photos et des lettres et qu’ainsi serait confirmée la thèse des membres de la police secrète de la trahison de Kalabic.
Un des membres de la Commission, le docteur en Histoire Boïane Dimitrijevic a déclaré à cette occasion:
«Il faut croire les conclusions de la Commission d’Etat. J’ai personnellement vu ces photographies et elles ne seront pas comparées avec d’autres pièces historiques
(sic). Je certifie leur authenticité sans l’ombre d’un doute, pour ce qui est des personnes qui y figurent, leur apparence, etc. Je pense que les contestations concernant ces photographies sont totalement fantaisistes. La Commission d’État doit avoir de l’autorité, et nous, ses membres, grâce à nos connaissances scientifiques et autres, nous en sommes les garants.
» (59)
Cependant, un expert morphologue et graphologue assermenté près les tribunaux que j'ai pris l'initiative de solliciter officiellement, a, après une analyse des pièces, conclu que la personne sur la photo n’est pas Nikola Kalabic, de même que la signature sur les lettres retrouvées ne peut pas être celle de la main de Nikola Kalabic. (60)
D’ailleurs, les lettres mentionnent des événements qui n’ont sans le moindre doute pas eu lieu, ce qui est la première des preuves qu’il s’agit d’une falsification. (61)
En outre, le conservateur du musée de l’Armée de Belgrade, le lieutenant Déïane Milivojevic, a déterminé la taille du prétendu «Kalabic» sur les photos en faisant une petite règle de trois comparant les proportions entre les dimensions sur photo du chargeur du «Schmeisser» allemand que porte un des communistes avec la taille réelle universellement connue de celui-ci. (62)
Les membres de la Commission n’ont pas souhaité réagir à la publication de ces faits, ainsi, le colonel Nikola Kalabic en Serbie est, au jour d’aujourd’hui, officiellement toujours considéré comme traître.
Fin 1943, Nikola Kalabic et sa fille Miriana (Musée national d’Oujitsé)
La dernière lettre connue de Nikola Kalabic adressée au général Mihaïlovic, datée du 22 novembre 1945. Il lui présente ses condoléances pour la perte de Vojislav le fils de Mihaïlovic, et lui annonce la mort de son propre fils Milan. (Archives historiques de Serbie, Belgrade)
Sacoche d’officier ayant appartenu à Nikola Kalabic et dont il ne se séparait jamais. Elle a été retrouvée dans les années 1970, par hasard, près d’une ferme, prétendument dans le secteur d’Oujitsé, lorsque le propriétaire de la ferme s'était mis à creuser une fosse septique. La sacoche était en mauvais état et le fermier l’a remise à la Milice (appelation de la Police dans les régimes communistes – NdT) qui, après avoir identifié son propriétaire, l’ont remis au Musée national d’Oujtisé. Les trois photos qu’elle contenait étaient partiellement conservées, et représentaient les enfants de Nikola Kalabic. On ne sait pas si les documents qu'elle contenait aussi étaient encore lisibles. Le fait que Nikola Kalabic s’en débarrasse dans un fossé alors qu’elle contenait des photos de ce qui lui était le plus cher au monde, témoigne du fait qu’il ne se faisait guère d’illusion quant à l’issue pour sa vie de ce qu’il allait vivre et il cherchait par ce geste à protéger autant que possible ses proches en ne portant rien sur lui qui pourrait les dénoncer. Elle aurait donc été retrouvée près d’Oujitsé, ce qui est une erreur flagrante des communistes après guerre, ce que l’on sait aujourd’hui après avoir reconstitué les déplacements de Kalabic au cours de la guerre. Mais elle aurait été sans doute détruite si elle avait été découverte dans les années de plomb de l’immédiat après guerre, lorsque même l’évocation du nom de Kalabic en public pouvait être source de graves ennuis avec la dictature.
Agrandissement de la date figurant sur une lettre prétendument écrite par Nikola Kalabic. Les différences avec l’agrandissement précèdent sont évidentes.
«Je prie les MMr Djilas, Rankovic et Penezic de lire ces quelques mots concernant leur rôle dans le mouvement. On aura toujours le temps pour me couper la tête. Dieu m’est témoin que je souhaite le bonheur de mon peuple.» Lettre aux généraux titistes, dont ont été tirés les agrandissements précédents de la signature et de la date, prétendument attribuée à Nikola Kalabic. Ce document n’a été montré au public que dans la presse, c'est pourquoi les photos sont de mauvaise qualité, afin de mieux masquer la supercherie.
Photo de Nikola Kalabic qui a servi de modèle pour la construction du faux Kalabic utilisé dans la propagande du régime communiste après la guerre, selon laquelle Kalabic aurait trahi le général Mihaïlovic.
Le faux Kalabic entouré de membres de l’OZNA – la police secrète titiste – portant des vêtements et emblèmes tchetniks. En faisant un simple produit en croix sur la base des dimensions sur la photo de la personne et du chargeur du Schmeisser, la taille de la personne au milieu de la photo ne correspond pas à la taille établie de Nikola Kalabic
Après la guerre, les femmes de la famille Kalabic se sont regroupées à Valiévo : les trois membres masculins de la famille avaient été assassinés. Miriana a plus tard donné naissance à une fille, qui elle-même a eut trois filles. Elles ont vécu dans les conditions d’une extrême pauvreté. La République de Serbie ne leur a toujours pas restitué l’immense terrain constructible que Nikola Kalabic avait acheté avant la guerre à Divtchibaré - une station de montagne aujourd’hui considérée, toutes proportions gardées, comme le «Courchevel» de la Serbie.
Miriana et Angélina sont décédées en 1999 des conséquences des bombardements de l’Otan sur la Serbie. En effet, l’Otan avait décidé que beaucoup d’immeubles en plein cœur des villes étaient des cibles légitimes. Certains officiers de l’Otan, en désaccord avec cette décision, et en souvenir de la vieille alliance avec les Serbes, ont fait savoir quelles étaient ces cibles, et ainsi la population des environs a pu être évacuée à temps, et le nombre de victimes a été considérablement réduit. Ainsi, il n’y a pas eu de victimes lorsque le commissariat de police en plein centre de Valiévo a été rasé par les missiles. Miriana et Angélina vivaient à quelques centaines de mètres de là, dans une zone qui n’avait pas été évacuée. C’était effectivement une distance suffisante pour les personnes en bonne santé, mais pas pour les personnes âgées et malades et elles se sont éteintes dans l’année l’une après l’autre.
Remarque: les noms propres et topographiques propres aux Balkans ont été francisés dans la traduction quand nécessaire pour faciliter la lecture, comme c’était l’usage dans l’historiographie française au début du XXème siècle.
La famille de Nikola Kalabic après la guerre. En haut de gauche à droite : sa soeur Angélina, sa fille Miriana et sa veuve Borka. En bas : Yoka sa mère, et Vesna, la fille de Miriana.
Remarque: le titres des ouvrages indiqués sont la traduction en français des titres publiés en version originale en serbe auxquels se réfère l'auteur du présent texte.
1. M. Samardjic «Les pères interdits dans les confessions de leurs enfants», Ed. Pogledi, Kragujevac 2003, p. 277-282. Nedeljko vivait en 2003 à Hobart en Australie. Son interview, réalisé par un journaliste local Milоutine Ivkovic a été ajoutée en annexe à cet ouvrage. Nedeljko a passé toute la Seconde Guerre mondiale en captivité sur le territoire du Reich, puis à la libération il est resté dans la diaspora. Son père Nikola, à l’époque retraité, a été assassiné par les Oustachis croates le 10 avril 1941, jour de la proclamation de "l’État indépendant de Croatie" érigé par Hitler. 2. «Liste générale des officiers d’active de l’armée de terre du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes pour 1928-1929». Imprimerie du Ministère de l’Armée et de la Marine, Belgrade, 1928, p 224. Milan avait aussi reçu la «Médaille du souvenir de la libération du Kosovo-Métochie 1912» 3. Interview de Borka Kalabic, «Pogledi magazine», Kragujevac, 01/11/1991 4. «Ouvrage sur Draja», collectif, Windsor, Canada, 1954, tome 1, pp. 173-176 5. M. Samardjic «Les pères interdits dans les confessions de leurs enfants», p 272 6. Diplôme de l’école technique intermédiaire décerné à Nikola M. Kalabic, l’original est la propriété de l’auteur de ce texte 7. Livret militaire de Nikola M. Kalabic, l’original est la propriété de l’auteur de ce texte 8. Certificat de la promotion de Nikola M. Kalabic au grade de sous-lieutenant du Génie, l’original est la propriété de l’auteur de ce texte 9. Certificat de réussite à l’examen d’État de géomètre, l’original est la propriété de l’auteur de ce texte 10. M. Samardjic «Les pères interdits dans les confessions de leurs enfants», p 245 11. M. Samardjic «Les pères interdits dans les confessions de leurs enfants», p 270, 272 12. Association de vétérans des guerres précédentes, maquisard en particulier en territoire Ottoman, organisés en réseaux de résistance et de commando derrière les lignes ottomanes et austro-hongroises, qui, après la Grande guerre ont conservés leur mode d’organisation et dirigée en secret par le Ministère de la Guerre en cas de nouvelle occupation – NdT 13. N. Milovanovic «Le mouvement contre-révolutionnaire de Draja Mihaïlovic», tome 1, Belgrade 1983, p. 75-76 14. K. Nikolic «L’Histoire du mouvement de Ravna Gora», tome 3, Belgrade 1999, p. 347 15. NARA, WASH-DIR-OFF-OP-267, Declasified D-1978, Roll 132. 16. «Ouvrage sur Draja», collectif, Windsor, Canada, 1954, tome 1, pp. 173-176 article de P. Meskovic Père et fils 17. Ibid. 18. S. Jivanovic «Le Troisième soulèvement serbe», Ed. Pogledi, Kragujevac, 2000, pp. 228-230 19. Z. Voutchkovic «Mémoires de guerre», à compte d’auteur, Londres 1980, pp. 196, 217 20. «Collection de documents», Belgrade 1981, tome 14, livre 1, pp. 180, 207 21. Archives militaires, Belgrade : AVII, CA, K-299, reg. Num. 4/1 22. «Collection de documents», Belgrade 1976, tome 12, livre 2, p 670 23. N. Milovanovic «Le mouvement contre-révolutionnaire de Draja Mihaïlovic», tome 1, Belgrade 1983, p 231. Milovanovic cite la lettre du commandant du corps de la Mlava Sinicha Ocokolic au général Mihaïlovic sur cet événement du 01/11/1942 24. M. Samardjic «Les pères interdits dans les confessions de leurs enfants», p 252 25. «Ouvrage sur Draja», collectif, Windsor, Canada, 1954, tome 1, p 173 26. S. Krakov, «Le général Milan Nedic», livre 2, Munich 1968, p 452 27. Ibid., p 469 28. «Collection de documents», Belgrade 1985, tome 14, livre 1, p 601 29. B. Dimitrijevic, «Les Tchetniks de Valiévo», Valiévo-Belgrade, 1998, pp. 86-87 30. Archives militaires, Belgrade : AVII, CA, К-289, reg. Num. 3/1 31. Archives militaires, Belgrade : AVII, CA, К-275, reg. Num. 22/1 32. B. Dimitrijevic, «Les Tchetniks de Valiévo», Valiévo-Belgrade, 1998, p 91 33. Archives militaires, Belgrade : AVII, CA, К-289, reg. Num. 5/1 34. B. Dimitrijevic, «Les Tchetniks de Valiévo», Valiévo-Belgrade, 1998, p 91 35. M. Samardjic, «Les pères interdits dans les confessions de leurs enfants», pp. 128-130 36. I. Avakumovic, «Mihaïlovic d’après les documents allemands», à compte d’auteur en serbe, Londres 1969, pp. 128-129 37. Déclaration de Bojidar Panic à l’auteur 38. АNМК, NА, КО-4-1651 Archives du Musée National de Kragujevac, fond « Archive de Nedic » 39. АNМК, NА, КО-4-1650 et 1655, ainsi que les déclarations de Dragovane Radulovic, Bojidar Panic et Sveta Filipovic à l’auteur de l’article. 40. A. Seitz, «Mihailovic, hoax or hero?», édition serbe, Belgrade, 2004, pp. 109-114 41. I. Avakumovic, «Mihaïlovic d’après les documents allemands», à compte d’auteur, Londres 1969, p143 42. Ibid., p 144 43. Ibid. 44. M. Peshic, «Draja Mihaïlovic d’après les rapports du renseignement américain et britannique 1941-45», Ed. Pogledi, Kragujevac, 2003, pp. 250-254 45. «Collection de documents», Belgrade 1985, tome 14, livre 4, p 598 46. «Collection de documents», Belgrade 1985, tome 14, livre 4, p 599-600 47. Déclaration de Dragovane Radulovic à l’auteur de l’article 48. Archives militaires, Belgrade : AVII, CA, K-28, reg. Num. 26/3-37 49. «Collection de documents», Belgrade 1985, tome 14, livre 4, p 614 50. M. Samardjic, «Les pères interdits dans les confessions de leurs enfants», p 134 51. Déclaration de Dragovane Radulovic à l’auteur de l’article 52. J. Radosavljevic, «Vie et sacrifice des monastères de Jitcha et Studenitsa sous l’occupation (1938-1945)», monastère Hilandar, 1993, pp. 54-59. Aussi, déclaration du père Novak Stanojevic à l’auteur de l’article 53. Déclaration du père Novak Stanojevic à l’auteur de l’article 54. Déclaration de Miriana Kalabic à l’auteur de l’article 55. S. Cirovic, «Notes de discussions sur le parvis de l’église», Kragujevac, 1995, p. 55 56. Déclaration de Dragovane Radulovic à l’auteur de l’article 57. L. Popovic, «Grand jeu avec Draja Mihaïlovic», Ed. Grafika, Belgrade, 1971. Facsimilé de la lettre 58. Une de ces déclarations a été faite au tribunal de Valiévo. C’est celle du père Mihaïlo Danilovic à qui se sont confiés deux témoins oculaires. Le tribunal a rejeté les protestations communistes et établi le 19 janvier 1946 – la date dont se souvenait le pope comme étant celle d’une fête orthodoxe – comme étant la date de la disparition de Nikola Kalabic. 59. «Politika», Belgrade, 18 septembre 2009 60. Plus de détails dans M. Samardjic «Le vrai et le faux Kalabic – avec résultats d’expertise judiciaire», Ed. Pogledi, Kragujevac, 2012 61. Plus de détails dans M. Samardjic, «La vérité sur Kalabic», Ed. Pogledi, Kragujevac, 2007 62. Plus de détails dans M. Samardjic «Le vrai et le faux Kalabic – avec résultats d’expertise judiciaire», Ed. Pogledi, Kragujevac, 2012